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Sur la synthèse réalisée en 2002 et réactualisée en septembre 2006 " LA MAISON DE RETRAITE QUE NOUS SOUHAITONS" (point de vue de l'association VEDIBE (Vieillir dans la Dignité et le Bien-Etre)– 13 rue de la Roue à 92190 Meudon, nous pensons utile de proposer un commentaire aux articles 2 et 4, comme suit (en gras et italique) :
- 2. Obligation d’un directeur diplômé, motivé, avec un minimum de connaissances en gérontologie, et de grandes qualités humaines.
Pourquoi un minimum de connaissances ? Le plus grand nombre de connaissances possibles, de qualité, est nécessaire, ce qui suppose pour les directeurs, comme dans toute autre fonction, une formation continue.
- 4. Personnel attentif à nos besoins et aimant les personnes âgées.
Cette notion "d'aimer les personnes âgées", qui est une formule a philosophie discutable, masque involontairement une exigence plus forte; celle d'aimer l'Homme dans sa plus grande dimension, et toute sa signification humaniste. Non, ce n'est pas la personne âgée qu'il faut aimer, c'est l'être humain dans lequel chacun peut se reconnaître. Sans un recrutement de personnel rigoureux, à tous les niveaux de décision et d'exécution, sur cette dimension, il est aléatoire d'obtenir des comportements de qualité. Mais, une question : comment recruter des professionnels ayant les qualités requises (sur le plan de l'humanisme) si le (ou les) recruteur n'a pas lui-même ces qualités ?
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Éloge de l’enthousiasme
Ce texte a été élaboré en commun et diffusé en janvier 1997 par les membres
de la Société Internationale des Conseillers de Synthèse.
Sa reproduction est autorisée sous réserve d’indication de la source
« Les manchots du Pacifique Sud s’enfoncent, au cœur de l’hiver antarctique, vers l’intérieur des terres, là où il fait à la fois le plus froid et où la nourriture est la plus éloignée, puisqu’il faut aller la chercher dans la mer qui – par ailleurs – est de plus en plus distante, étant prise par les glaces – pour couver, chacun à son tour, l’œuf unique du couple… Un comportement d’autant plus absurde qu’il n’y a pas de prédateurs pouvant expliquer ce comportement, que les scientifiques expliquent par un déplacement progressif du pôle magnétique… »
Que voulons-nous ? Une société d’enthousiasme
Tout indique aujourd’hui que nous avons quitté les rivages reposants de la société de croissance que nous avons trop souvent confondue avec une société de croyance. Ses repères s’éloignent nous laissant démunis de méthodes et de symboles. C’est le moment où il faut s’éloigner des sirènes qui nous invitent à ne plus ni dépenser ni investir pour répondre aux chants courageux qui invitent chacun à se dépenser et à s’investir. Car c’est d’enthousiasme qu’il faut faire preuve aujourd’hui.
Cet enthousiasme n’est pas à attendre d’un virus pour une fois bénéfique, d’on ne sait quel homme providentiel ou de quelque potion magique ; il viendra de notre volonté d’autonomie dans nos choix et de solidarité dans nos actions. L’enthousiasme ne peut se construire que sur trois convictions : le devoir d’innover, le droit de savoir, le pouvoir de faire. Si, pour chacun de nous, vivre c’est choisir de construire notre avenir et non de le subir, les conditions du choix sont bien celles-là.
Le devoir d’innover
L’ensemble des raisonnements conservateurs s’appuie sur le constat implicite que nous vivons dans un monde fini – au sens de limité. Dès lors des notions comme celles de progrès, de croissance, de changement, ont comme corollaires des comportements gagnants-perdants, construction-destruction, action-réaction. Cela revient à évoluer dans un monde qui joue à sommes nulles, où par exemple le ralentissement de la croissance nous conduirait à retrouver des situations stationnaires. Du coup, les effets de ces régulations, comme la déflation ou le chômage, apparaissent comme des désordres subis mais dans un ordre raisonné du gouvernement des êtres et des choses. Dans cette optique, le chômage n’est pas la cause du dysfonctionnement de notre société, mais bien plutôt l’un de ses effets les plus dévastateurs. Et il est attristant de voir la dissipation des immenses efforts faits pour réduire l’effet – qui ne contient pas en lui-même la question qui l’a fait naître – au lieu de se concentrer sur les raisons et les moyens du développement des activités humaines.
Dès lors, changer la donne n’est pas un luxe pour certains, c’est un devoir pour tous. Ce n’est en effet que dans l’innovation que peuvent se dissoudre les nostalgies et les envies, que peut s’enrichir la volonté d’une utilité sociale puisque l’innovation – à la différence de la découverte – suppose qu’elle soit applicable aux autres et au monde réel. Innover impose que l’on sorte du cadre de référence, que l’on se projette vers un ailleurs ou un autrement, que l’on s’intéresse plus à capter ce qui bouge qu’à camper sur ce qui reste inerte, en un mot que l’on se mette en route vers les autres et pour les autres. Mais, innover n’est pas rêver.
Le droit de savoir
Car le rêve s’appuie à la fois sur l’évasion par rapport au réel et sur l’absence de conséquences des situations qu’il nous propose. Dans la recherche des nouveaux territoires de l’action et de l’utilité, l’important n’est pas de vouloir construire un autre monde mais de changer l’état du monde en mettant le principe de réalité au service de la volonté de rendre le souhaitable possible. C’est à ce prix que l’on évitera le désespoir des uns, l’égoïsme des autres.
On brise un rêve, on dissipe une illusion, il reste toujours quelque chose d’une innovation. Mais pour qu’elle s’incarne et se renforce, encore faut-il une connaissance suffisante du terrain et des bénéficiaires auxquels elle s’applique pour multiplier les chances de succès. C’est ce droit de savoir où en est le monde dans ses différentes composantes, son fonctionnement à ses différents niveaux d’organisation, les comportements individuels et collectifs de ceux qui le peuplent, les moyens et les techniques qu’ils utilisent, les langages et les symboles qu’ils pratiquent qui constituent la condition indispensable du développement d’innovations porteuses d’efficacité et de progrès.
Mais ce droit de savoir, surtout dans une époque qui se mondialise, dont les activités s’enchevêtrent, dont les pratiques religieuses, sociales et culturelles s’uniformisent et se diversifient au gré des rapports de force, ne doit pas servir de référence unique à nos actions. Le développement ultrarapide de l’information disponible, qui pourrait passer pour une facilitation de l’accès à la connaissance, se révèle souvent comme un afflux incontrôlé de données qui nous submergent. Ce droit de savoir n’a de sens que si l’on veut faire de cette information un matériau d’une nouvelle architecture de la société ; s’il nous sert à être un éclaireur éclairé.
Le pouvoir de faire
Avant même la concrétisation de l’hymne incantatoire à l’égalité des chances, encore faudrait-il que chacun puisse saisir ne serait-ce qu’une chance. Le langage n’est pas neutre, de ceux qui veulent « donner » leur chance aux jeunes, car ce n’est pas d’une aumône que la volonté d’agir se nourrit, c’est de l’air de la liberté et des grands espaces de l’initiative. Le vieillissement adipeux de bien des institutions intermédiaires étouffe dans ses replis graisseux l’aspiration à la liberté et occupe avec une fausse placidité les espaces de l’initiative.
Il ne s’agit pas de faire à la place des acteurs, il s’agit de leur laisser jouer une pièce qui n’est pas écrite mais dont personne mieux qu’eux-mêmes ne saurait trouver le thème, le rythme, la syntaxe, le contenu et ses rebondissements. Ils n’ont pas besoin de souffleur mais, de grâce, laissez-les souffler !
L’éloge de l’enthousiasme – si l’on n’y prend pas garde – peut se porter sur la destruction du présent parce qu’il est insupportable beaucoup plus que sur la construction du futur parce qu’il est inconfortable. Autant analyser le présent pour s’armer contre ses dérives et s’appuyer sur ses points forts.
Que trouvons-nous ? Une économie de contraintes
Dans la perspective de retrouver la conscience et la maîtrise de nos actions futures, gardons en mémoire quelques-uns des grands traits de la société actuelle qui fixent les limites et les opportunités de nos initiatives. Car nous ne partons pas, pour bâtir l’avenir, d’un vague terrain modelable à loisir ; mais d’un champ d’action fait d’une terre travaillée, retournée par l’énergie des hommes, fertilisée par leur intelligence et leur ténacité, nourrie de leurs efforts et de leurs craintes, de leurs espoirs et de leurs ambitions. C’est à la fois un espace d’accomplissement et un réseau de contraintes.
La déroute des organisations
Certes, il est naturel que les sociétés humaines créent, au fur et à mesure de la prise en compte de problèmes de plus en plus nombreux, complexes et interdépendants, des institutions médiatrices entre la personne et son environnement. Ces institutions, avec une finalité généralement bien définie, ont la charge de résoudre, à leur niveau, les problèmes qui leur sont soumis. Si la représentation politique a été la première et la plus invoquée de ces formes de médiation, elle a créé des émules qui ont repris ses méthodes ou s’en sont inspirés, mais avec des ambitions, des valeurs ou des territoires très différents.
Or le poids croissant de ces organisations médiatrices a paradoxalement coupé la personne de son milieu : la Sécurité sociale et le système de soins de la responsabilité individuelle du « patient assuré » sur sa santé, le système routier et l’automobile du sens de la distance, de la vitesse et du danger, l’industrie agroalimentaire de la référence à certains rythmes naturels… Ni critique ni procès, mais la constatation que la massification d’une population sur un problème de société noie la responsabilité de chacun et détourne l’énergie vitale non vers la solution optimale du problème mais vers la relation optimale de la personne avec l’institution en charge du problème…
Ces institutions se sont forgé des mécanismes de fonctionnement axés à la fois sur leurs performances (ce sur quoi on les juge) et leur durée (ce sur quoi elles se jugent). Focalisées sur ces enjeux, elles en viennent parfois – souvent – à en oublier leur finalité. Rares sont les institutions qui rappellent, en l’actualisant, le sens de ce qui les fait naître, car trop souvent ce rappel est aussi un appel à la refondation. Dès lors – car une organisation n’a jamais le goût du suicide – c’est le fonctionnement des mécanismes qu’elles conduisent qui les domine. Regardez comment fonctionnent certaines écoles de gestion, qui reproduisent et amplifient le modèle qui les a portées et qui forment – sauf exception – de véritables taxidermistes de l’entreprise.
La crispation sur la répétition du passé
La perte de repères sur la signification de l’action, déjà fortement perturbatrice pour la personne, devient franchement paralysante au niveau d’une organisation. En effet, les exemples de dysfonctionnement de nombre d’organisations montrent qu’un système organisé, s’il est capable de générer les mécanismes de sa propre survie, ne contient généralement pas en lui-même les germes de son progrès ou de sa disparition. C’est la pression ou les chocs de l’environnement qui va le déstabiliser vers le dynamisme ou la mort. A vrai dire il n’y a pas à l’heure actuelle de véritable réflexion sur la durée de vie des organisations.
En effet, si l’entreprise est capable de mesurer l’optimisation dans l’espace des éléments qui contribuent à son activité (moyens matériels, financiers, humains, informationnels, etc.) elle est très peu adaptée à la maîtrise de cette optimisation dans le temps. Le sort fait dans la plupart des entreprises à la planification stratégique, réduite à des tendances lourdes sur des durées relativement brèves en est une illustration commune. C’est ainsi la relation au temps qui paraît être la grande faiblesse des organisations, ce qui explique la fréquence de la référence au passé pour justifier non seulement l’action présente mais aussi l’organisation future. Ce décrochage de rythmes entre la vitesse d’évolution de l’environnement et la lenteur du changement de l’organisation génère des divergences dont la régulation n’est aujourd’hui dans la plupart des cas que très imparfaitement maîtrisée.
Le libéralisme en trompe-l’œil
Des voix s’élèvent pour stigmatiser méfaits et dysfonctionnements du libéralisme ambiant mais peu se risquent à le remettre en cause comme le mode pertinent de l’organisation de nos sociétés. Le libéralisme est aujourd’hui un article de foi dans une logique du type « puisque jusqu’à présent il a réussi à nous tirer d’affaires, il le fera encore et nous tirera de la crise actuelle, même si nous ne savons pas comment ». Rappelons qu’il ne s’est mis en place que pas à pas, dans un conflit permanent avec d’autres modes d’organisation des sociétés : les sociétés d’Ancien Régime n’étaient pas libérales, la plupart des sociétés du XIXe non plus (souvenons-nous des débats autour du libre-échange), sans parler de la manière paradoxale dont est en train de se construire sous nos yeux la Chine du siècle prochain.
N’ayant plus d’adversaires à combattre depuis la faillite des organisations collectivistes, nous pensons le libéralisme comme l’unique et durable mode d’organisation. Il y a là en même temps erreur et faute : erreur de croire que la réalité d’aujourd’hui n’est qu’une transition entre un passé que nous embellissons et un futur dont nous pensons qu’il lui ressemblera, faute à tous les niveaux en mettant en œuvre des actions qui retardent et pervertissent les promesses d’un changement.
Nous croyons, par exemple, être régis par une économie de marché ; réputé pour être le terrain de l’initiative et de la compétition, le marché devient aussi pour beaucoup le champ clos d’un affrontement réducteur d’initiatives et pourvoyeur de drames sociaux. Sans aller jusqu’à dire qu’il ne représente que l’un des avatars d’un protectionnisme latent, le marché devient néanmoins l’un des éléments d’un réseau de contraintes dans lequel nous sommes enserrés. Mais ce n’est pas en l’incriminant par des incantations sulfureuses que nous nous en affranchirons. C’est en le remettant à sa place d’outil de régulation de l’organisation sociale que nous rétablirons un équilibre alliant la satisfaction des personnes et la justification de l’utilité des organisations.
La monétarisation des échanges
Dans la panoplie de ses moyens, le libéralisme dispose avec la monnaie d’un instrument efficace pour faciliter et amplifier ces échanges, singulièrement dans une période de mondialisation et de complexité croissante. Et l’on assiste à la montée en puissance du libéralisme et de la monnaie, dans un mouvement conjoint, presque siamois. Que l’économie de marché se répande et le règne de la monnaie s’étend et, plus grave, tout ce qui n’est pas monnaie, monétaire ou monnayable perd de son importance et de sa réalité sociétale. Car n’a de l’importance que ce que l’on sait mesurer. Et insidieusement, l’outil et l’unité de mesure définissent pour partie la hiérarchie des préoccupations et des problèmes de société.
Les organisations qui font commerce ou industrie de l’argent prennent dès lors une importance disproportionnée par rapport aux autres institutions et ont tendance à dicter leur loi de maximisation du profit monétaire et non pas du profit sociétal global. De cette divergence naissent des incohérences notables, et il n’est pas rare aujourd’hui de voir des entreprises industrielles, et non des moindres, se donner comme règle de conduite celle qui leur est dictée par leurs administrateurs banquiers, assureurs ou fonds de pension américains, c’est-à-dire celle de la rentabilité financière maximale et rapide, et non celle de la rentabilité économique, il est vrai parfois plus lente et plus risquée.
C’est dire que les notions de progrès et d’efficacité sur lesquelles nous vivons depuis plus d’un siècle et qui ont accompagné les découvertes scientifiques et techniques se sont progressivement perverties. La croissance économique qui en a découlé a pris pour signe la monnaie, correspondant tant bien que mal aux aspirations des personnes en matière d’enrichissement personnel et de bien-être collectif. Maintenant qu’elle s’est largement dégagée des contraintes de l’économie productive (12 % des échanges monétaires mondiaux servent à régler les échanges commerciaux), elle se vide de son contenu culturel traditionnel pour devenir un instrument de contrainte, au nom duquel on sème le désarroi et l’injustice, et un moyen d’exclusion pour ceux qui, ne pouvant y accéder, sont écartés du fonctionnement normal du système social. Les mesures prises pour les y réintégrer se traduisent elles-mêmes par une symbolique monétaire, tout aussi dépourvue de sens social que la cause qui les a rendues nécessaires.
La contre-productivité
Jamais les réflexions prophétiques pour les uns, excessives pour les autres, d’Yvan Illich, il y a une trentaine d’années, n’ont eu d’aussi éclatantes illustrations qu’aujourd’hui.
Les exemples de contre-productivité qu’il annonçait se produisent aujourd’hui sous nos yeux. L’automobile, alliant vitesse et commodité, conduit par son acceptation et son succès aux embouteillages et aux encombrements. Ainsi un mécanisme conçu pour élargir l’autonomie des personnes se retourne contre leur liberté et leurs intérêts. Mais le seuil de passage d’une liberté conquise par le progrès à une dépendance subie est difficile à percevoir par suite notamment de l’accoutumance à la servitude. Or le franchissement de ces seuils critiques engendre une multitude de conséquences, physiques, sociales, culturelles, économiques, qui se répondent dans un concert qui paralyse les velléités d’autonomie et de changement.
Mais ce constat étant fait, sortir de ces mécanismes de contre-productivité impose à la fois l’anticipation et l’élargissement du champ de l’analyse et de l’action. C’est en fonction des autres modes de circulation possibles, de l’évolution de l’habitat, de la localisation actuelle et future de l’emploi, du sentiment de la qualité de vie nécessaire, qu’il faudra repenser par exemple tout le système de circulation. Faute de cette analyse globale, le système de transport fabriquera à terme des exclus ou des isolés, le système de santé des malades socialement laissés à eux-mêmes, le système éducatif des analphabètes sociaux.
Ces handicaps, et quelques autres, sont autant de contraintes qui nous ont fait passer d’une société de mouvement à une société de digestion. Nous sommes devenus des ruminants du progrès, remâchant les vieilles recettes sous prétexte qu’avant la soupe était bonne, marmonnant des mots – technique, technologie, développement, nouveauté, croissance… – que nous avions appris dans l’enthousiasme et qui ne rendent plus aujourd’hui qu’un son étouffé au mieux par la nostalgie, au pire par la rancœur.
Des Don Quichotte du progrès, il ne nous reste ni la superbe ni la folie ; il nous reste Rossinante. Hélas! Le cheval est fourbu au moment même où les espaces à découvrir sont de plus en plus vastes, et paradoxalement de plus en plus proches, et où il faut les parcourir à bride abattue, tant le temps social s’accélère.
Que devons-nous faire ? Inventer demain
Ainsi nous avons progressivement dynamité les invariants de nos sociétés avancées. Les tentatives de replâtrage, les bricolages d’organisation ou de gestion se sont montrés au mieux inopérants et au pire néfastes. Nous sommes sur la voie d’une anarchitecture sociale. Aucune période n’a été si propice à redonner à chacun le pouvoir de changer les choses puisque les recettes du passé ne réussiront pas dans les chaudrons de l’avenir. Il nous faut donc inventer demain sur de nouveaux territoires et par une démarche qui tiennent compte de nos richesses et de nos énergies.
Les nouveaux territoires
Créer de la richesse sociale
C’est remettre l’homme au cœur de l’organisation de la société. Ayant dépassé les limites de la cohérence entre l’organisation économique et l’organisation sociale, les critères de richesse économique ne peuvent plus satisfaire à eux seuls aux besoins de la société. D’ailleurs les efforts d’efficacité économique et financière réalisés au cours de ces dernières années dans la majorité des entreprises vont conduire par leur succès même à rendre caduc le critère de rentabilité économique qui sera largement maîtrisé au début du siècle prochain, comme sont aujourd’hui de mieux en mieux maîtrisés les critères techniques – fiabilité, sécurité, efficacité… Il faudra à l’entreprise trouver un autre critère d’utilité sociale que celui de générer le plus grand profit financier – aussi bien réparti soit-il entre les acteurs qui l’auront fait naître…
Déjà, d’innombrables expériences, modestes mais pertinentes, naissent de toutes parts pour tenter cette réconciliation entre l’homme et son milieu, au-delà des querelles idéologiques pour savoir si le libéralisme est la meilleure ou la seule forme d’organisation. Les entreprises d’insertion, le monde associatif, les clubs de réflexion-action… fourmillent, signes d’une vitalité inventive qui récusent l’absurdité d’un système fait pour les accompagner vers l’accomplissement de leur destin et qui coupe dans la réalité toute velléité de changement.
Cette richesse sociale est à créer dans tous les domaines : la solidarité, la lutte contre l’indifférence et la solitude, le combat contre la pauvreté éducative, culturelle, esthétique, l’insertion sous toutes ses formes, bref la réponse à tous les besoins que la sortie lente et douloureuse de notre société de consommation et d’échanges massifiés va permettre de révéler au grand jour. Un peu comme si nous étions à la fin du Secondaire et que nous voulions donner leur chance à ces petits mammifères qui viennent d’apparaître et qui courent entre les pattes des dinosaures.
Juger sur les performances
Nul n’ignore que l’efficacité d’un changement repose en partie sur une connaissance fiable de la situation de laquelle on part. Il y a beau temps que le monde économique s’appuie sur l’analyse du passé – le sien et celui de son environnement – pour fonder ses stratégies et ses tactiques.
Pour l’éducation, la santé, la police et a fortiori pour les nouveaux territoires de l’action, nous savons bien que des instruments de mesure existent permettant d’évaluer et de comparer la qualité des prestations fournies. Mais personne n’ose y recourir par crainte de réactions notamment syndicales, politiques, sociales, bref par peur de briser des tabous que la pénombre de l’ignorance permet de laisser prospérer.
Cette évaluation de l’efficacité sociale à tous les niveaux et sur tous les sujets est ainsi une condition nécessaire, bien sûr non suffisante, à la floraison d’innovations sociales dont le droit de cité ne sera reconnu qu’au prix de cette justification.
Une nouvelle démarche
S’emparer des problèmes avant qu’ils nous atteignent
Sans rêver d’un monde sans crises et sans ruptures, on peut néanmoins souhaiter que les évolutions majeures d’une société ne s’opèrent pas systématiquement par des révolutions successives. Il n’y a pas de corrélation dans l’histoire entre la violence des changements et l’efficacité de leurs résultats.
Or la complexité croissante et l’interpénétration des éléments des problèmes de notre société imposent une analyse anticipatrice que les organisations ne sont pas spontanément prêtes à initier. Les problèmes de mode de transport et de déplacement, les politiques de santé, la cohérence entre la sphère monétaire et la sphère de l’économie réelle, les aspects quantitatifs et qualitatifs de l’éducation de la jeunesse, l’évolution des compétences au cours de la vie active, l’impact des technologies sur les systèmes d’information… tous les aspects de notre vie individuelle et de notre organisation collective appellent des solutions qu’il s’agit aujourd’hui de repenser totalement. Seule l’anticipation en permet une approche sereine et partant efficace.
Expérimenter dans l’incertitude
:L’ère de la civilisation industrielle qui a monopolisé et marqué les démarches mentales de plusieurs générations en Occident, quoique touchant à sa fin, nous lègue des réflexes méthodologiques qui peuvent paraître indélébiles. Par exemple, réfléchir avant d’agir a été érigé à la hauteur d’un dogme qui se comprend dans une analyse rationnelle et déductive du monde physique et de sa transformation. Sa pertinence absolue reste à prouver à des niveaux de complexité plus grande mêlant de surcroît des éléments rationnels et irrationnels.
Il semble au contraire que l’expérimentation sur des sujets nouveaux avant même d’avoir analysé l’intégralité d’une situation et traité scientifiquement l’information qui en résulte donne aujourd’hui des résultats que le peintre Soulages résume en disant « c’est ce que je trouve qui m’apprend ce que je cherche ». Et plus on a fait exploser les repères de l’action, plus c’est en agissant que l’on trouve où l’on va.
Être ambitieux dans le projet et humble dans l’action
S’impliquer dans l’innovation sociale, c’est vouloir participer au changement et au progrès du monde. Située dans le continuum de l’espèce humaine, cette attitude peut paraître démesurée. Mais à l’inverse, ne pas croire que notre rôle est d’apporter, au niveau d’organisation qui est le nôtre, une contribution signifiante à l’époque signe son indifférence au monde ou le sentiment d’une impuissance sociale.
Inscrire son action dans une démarche ambitieuse est à la fois le signe de l’importance du rôle que l’on peut exercer et du respect et de l’attention que l’on porte à la nécessité du progrès social permanent. Ce n’est pas pour autant de l’orgueil sans sombrer dans les délices néo-prolétariennes du « seul je ne suis rien, ensemble nous sommes tout », l’humilité consistant à se sentir contributeur dans un mouvement de dynamique sociale qui nous dépasse et nous emporte, mais dans une direction que nous avons choisie.
Faire du durable avec l’éphémère
Si l’histoire de l’humanité est jalonnée de périodes fastes et tragiques, opulentes et frileuses, calmes et tourmentées, elle nous indique – sublimée ou non par des doctrines ou des symboles – la fragilité des équilibres sociaux. La lourde chute psychologique vécue depuis vingt ans, plus ou moins dominée selon le degré de croyance dans le pouvoir des hommes ou la fatalité des choses, nous en apporte une nouvelle preuve. Il nous faut faire le deuil de bien des certitudes et faire éclore de nouvelles raisons d’espérer et d’agir. Or on ne peut innover que si l’on a le sens de la liberté. Vouloir aujourd’hui forger ou retrouver des formes renouvelées de cette liberté, c’est retrouver jour après jour dans les actes quotidiens les éléments épars et souvent minuscules qui organisés dans un projet constitueront nos nouvelles références pour l’avenir.
C’est, nous a appris Gaston Berger, dans les faits porteurs d’avenir que se trouvent les raisons de bâtir le monde que nous voulons. Cela conduit à mettre bien souvent ce qui est à la marge de notre société au centre de notre réflexion. Nous savons aujourd’hui que c’est à nous qu’il revient de créer ce qui nous enthousiasmera et qui enthousiasmera les autres. C’est dans ce passage d’une société de découvertes et d’inventions à une société d’innovations et d’échanges que réside le défi que nous lance le monde. Chercher à faire triompher à chaque instant, par un effort solidaire et joyeux, le sens que nous voulons donner à notre action dans le respect des autres est sans doute aujourd’hui la plus belle preuve d’enthousiasme à proposer au monde et à soi-même.
© SICS – Reproduction autorisée sous réserve d’indication de source.
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Pourquoi s’en préoccuper pour les personnes âgées ?
- Le problème de fond, c’est celui de l’identité dans le présent et le futur « pour des siècles et des siècles… »
o L’identité (et là il ne s’agit pas d’identité numérique) n’est pas une donnée fixe, donnée une fois pour toute, qu’il s’agirait simplement de garantir et protéger. C’est une construction permanente, multiforme, qui marie des éléments extérieurs et intérieurs à l’individu, objectifs et subjectifs, pérennes et éphémères. C’est surtout une construction sociale : l’identité se définit dans la relation aux autres (que ce soit par le biais numérique ou le contact direct avec autrui),
Une avancée : une charte officielle sur le sujet
- La nécessité de promouvoir l’oubli numérique est aujourd’hui reconnu ; une charte, qui n’est pas un droit, a été élaborée officiellement mais tous les acteurs concernés ne l’ont pas approuvée ou signée.
o Exemple la position de Google : "La protection des données personnelles est un droit fondamental qui doit être défendu, mais il est important pour nous de le faire en respectant d'autres droits fondamentaux tels que la liberté d'expression.
Commentaire (en humour) sur cette position : « Après un décès de l’internaute, et cela va de soi, comment peut-il contester ou corriger personnellement ses données personnelles, de l’image à l’écrit lorsque son « e-réputation », sa vie privée est en cause ?... ».
Le contexte de la protection des données (un pot de fer contre pot de terre …)
o Les capacités de surveillance et de traçage des individus, par les autorités comme par les entreprises, n’ont jamais été aussi développées, omniprésentes, puissantes et discrètes. Les individus n’ont pas plus de contrôle sur ce que les organisations savent d’elles qu’hier, et même probablement moins. À tout le moins, le déséquilibre des connaissances, et donc du pouvoir, entre les individus et les organisations, tend plutôt à s’élargir.
o Il s’agit là de se pencher sur le pouvoir de nuisance potentiel de ces mêmes organisations, après disparition des individus.
La finalité de l’oubli numérique pour une personne âgée
- Se protéger, en protégeant ses données personnelles (pour le présent et l’avenir) est raisonnable, triste et ennuyeux, si cela ne sert aucun autre but. En revanche, si nous avons quelque chose vers quoi nous projeter, la protection vient par surcroît, comme une condition nécessaire.
o Se projeter vers un oubli de ses erreurs ou fautes arrivées dans un contexte politique, culturel et moral, n’est-ce pas, dans le présent, le moyen de vivre plus sereinement dans son identité toujours en mouvement ?
De la nécessité de participer,
- Associer protection et projection de soi, dans les pratiques, la technique, la législation, l’éducation : c’est la piste (féconde, du moins on peut l’espérer) qu’il est souhaitable d’explorer. Elle ne va évidemment pas de soi. Les changements auxquels elle invite présentent à leur tour des risques. Elle n’émergera pas sans une mobilisation conjointe des citoyens (parce qu’il y a des droits à revendiquer), des chercheurs (parce qu’il reste beaucoup de questions ouvertes), des innovateurs (parce qu’il y a des outils à inventer) ; et, ce qui ne sera pas forcément le plus facile, des experts de la protection des données personnelles, lesquels, après avoir fait preuve d’une exceptionnelle prescience il y a 30 ans, semblent trop souvent enfermés dans le cadre qu’ils se sont alors fixé.
Michel SIDER
NB / Texte assemblé pour résumer brièvement la problématique ;
Les écrits en italique sont tirés d’autres articles et auteurs sur le sujet.
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Communiqué de la Commission Age, Droits, Liberté (1) :
1 ) La commission Age, Droits, Liberté est la Commission Droits et Liberté de la Personne Agée qui avait été accueillie par la FNG en 1986 et qui continue son activité après la dissolution de la FNG l’an dernier
(R Moulias, Président, membres : J Abbad, M Billé, F Blanchard, B Duportet, A Evrard, M Ferry, M-F Fuchs, G Imbert, C Lacour, M Le Sommer, D Martz, L Ploton, M Sider, M Simon-Marzais), communiqué rédigé avec la collaboration d’A Franco et R Gonthier
LES DIRECTIVES ANTICIPEES PEUVENT ELLES DEVENIR CONTRAIGNANTES ? UNE IMPOSSIBILITE PRATIQUE ET ETHIQUE
Mourir et «Mal mourir» font peur. Les «Directives Anticipées» sont un moyen pour certains de calmer cette crainte.
On appelle Directives Anticipées les volontés écrites par une personne lucide, valide, souvent en pleine santé, portant sur la conduite des soins qu’elle souhaite recevoir et surtout ne pas recevoir si elle n’était plus capable de s’exprimer à la suite d’une maladie ou d’un accident. De telles Directives Anticipées ne remplaceront jamais le dialogue du malade et du médecin. Ce dialogue est un préalable déterminant pour abaisser le seuil des peurs existantes et établir la confiance nécessaire à l’approche de la maladie, du traitement et de la mort dans un état de plus grande paix. Il est aussi le moment d’établir un consentement éclairé au traitement proposé, mais aussi parfois un refus éclairé.
Quand l’inconscience du patient ou tout autre obstacle rend impossible ce dialogue essentiel et approfondi, les Directives Anticipées peuvent être un outil utile dans certaines situations, mais elles ne remplaceront jamais ce dialogue. Le consentement ou le refus de soin établi dans une Directive Anticipée peut davantage être un souhait qu’un refus ou qu’un consentement éclairés puisque aucune information préalable du patient n’a été possible.
Les Directives Anticipées ne devraient elles pas être rédigées avec le médecin traitant pour que le patient soit éclairé sur le sens et la cohérence du souhait exprimé.
POURQUOI DES DIRECTIVES ANTICIPEES ?
Celui qui les rédige exprime, au moment où la réflexion et la communication sont pleinement possibles, sa volonté d’éviter tout traitement inutile ou inutilement prolongé. En cas d’impossibilité ou de grandes difficultés pour réfléchir, pour s’exprimer ou pour se faire entendre, les Directives Anticipées représentent les souhaits du patient. Les rédiger est souvent lié à la peur : peur de subir un acharnement thérapeutique abusif, de souffrir, de devenir dépendant d’autrui, de donner une image de déchéance, mais aussi à la culpabilisation, entretenue par certains, de coûter cher à sa famille, de coûter cher à la société.
Ces Directives, forcément incomplètes et floues – on ne peut tout prévoir -, traduisent aussi une défiance envers les proches, dont on sait qu’ils seront consultés, et un manque de confiance en la capacité des équipes de soins de décider de façon éthique et compétente la conduite thérapeutique appropriée.
Cette peur est entretenue par des lobbys qui font croire que l’acharnement thérapeutique est la règle, alors qu’il est clairement exclu des bonnes pratiques. C’est plutôt l’abandon thérapeutique qui menace le vieillard. La majorité des morts concerne des vieillards. Aujourd’hui encore, lors du mourir, les aînés peuvent se trouver confiés à une équipe non formée à cette situation. Cet abandon est d’autant plus fréquent que le regard porté sur le vieux malade quand il arrive en situation d’urgence reste parfois négatif.
LIMITES DES DIRECTIVES ANTICIPEES
Pour le médecin et pour l’équipe de soins : les décisions peuvent être facilitées par cette connaissance des volontés d’un patient qui ne peut plus s’exprimer et dont les proches ne peuvent ou ne veulent être consultés ou expriment des désaccords. Cependant, le risque est grand que l’existence de Directives Anticipées éteigne toute réflexion éthique sur la conduite thérapeutique à mener « Puisqu’il a décidé pour nous ». Dans l’actuelle Loi Leonetti disposer d’une directive est un élément important pour décider, mais elle ne peut pas faire la décision. Les aspects médicaux du pronostic immédiat et futur doivent prédominer : quelles chances de survie pour le patient et avec quelle qualité de vie ? Une directive ne peut anticiper tous les facteurs que doit évaluer en permanence l’équipe missionnée pour la prise en soin de ce patient.
Une Directive Anticipée ne pourra jamais tout envisager. Elle se limite souvent à la volonté de «de ne pas être réanimer», de «ne pas devenir dépendant». Une équipe réanime un malade pour le rétablir au mieux dans ses fonctions et ses activités et non dans l’objectif de le garder en état végétatif. La proposition d’un formulaire où le rédacteur de Directives Anticipées mettrait des croix dans des cases est scandaleuse et montre bien les dérives possibles.
Pour suivre par obligation légale des Directives Anticipées, ne va-t-on plus réanimer celui qui se présente dans une situation potentiellement curable : choc septique, hypoglycémie, coma diabétique, urgence vasculaire cérébrale ou cardio-vasculaire, trouble du rythme cardiaque, crush syndrome, insuffisance rénale aigue, pneumopathie asphyxiante, etc. ? Laissera t-on perdre des chances, y compris de guérison complète et sans séquelle pour suivre une directive qui ne peut ni prévoir l’infinie variété des pathologies graves, ni les bonds de progrès de la Science. Les directives ne peuvent être qu’indicatives, jamais impératives. Le risque est de contraindre à mener un soin inapproprié à la situation. Ce qu’éthiquement tout médecin est en devoir de refuser.
Tout patient est libre de refuser la décision médicale de son médecin. Tout médecin est libre de refuser la décision médicale de son patient.
L’exécution contraignante et impérative de Directives Anticipées conçues ou interprétées comme des ukases risque de provoquer des morts indues et des survies accompagnées de lourdes séquelles, en s’opposant au traitement approprié en temps utile.
Les Directives Anticipées sont les souhaits de personnes valides. L’expérience montre que celui qui, valide, est le plus décidé à refuser tout handicap, est souvent celui qui, invalide, aura la plus spectaculaire résilience pour surmonter le handicap le plus lourd.
DANGERS DE RENDRE CONTRAIGNANTES LES DIRECTIVES ANTICIPEES
Suivre obligatoirement, à la lettre, des Directives Anticipées devenues contraignantes et non plus indicatives peut entraîner une déresponsabilisation des équipes et des médecins, déchargés de toute réflexion sur les indications, les contre –indications, les non –indications, les bonnes pratiques issues de leur savoir et de leur expérience professionnelle. Soigner ne serait plus la mission d’assurer la prise en soin et le traitement d’un « patient » selon son savoir, son expérience, l’état de la science et une éthique qui privilégie toujours bien–être et consentement ou refus éclairés. Ce serait un travail de prestataire qui obéirait à un « client » imposant ses ordres à un exécutant dépourvu de responsabilités et de liberté, celle de lui apporter le soin approprié.
Dans la proposition de loi, il semble qu’aucune clause de conscience ne semble prévue. La consultation d’un confrère lorsque la directive correspond à un «soin inapproprié» est conçue comme exceptionnelle et comme une disposition transitoire à abandonner. Cette situation de «soin inapproprié» résultant d’une Directive Anticipée ne peut être que fréquente. A la limite, un «client»- recourant au besoin au Juge - pourrait ainsi «donner ordre» au médecin d’agir contre ses bonnes pratiques, contre l’Ethique médicale, de se mettre en faute vis-à-vis de cette Ethique. Cela s’inscrit dans la tendance actuelle de tout régler par des protocoles et des procédures plutôt que par la réflexion collégiale sur le cas forcément individuel et unique. Cette attitude règlementariste - et souvent punitive -conduit à une détérioration du sens critique et de la réflexion éthique lors de ces situations complexes et délicates, au profit d’un démotivant «soin défensif» qui ne tient plus compte de l’intérêt du patient, mais de la conformité normative. Elle entraînera forcément de coûteux litiges juridiques et de pénibles conflits familiaux.
Tout pouvoir a ses limites. On ne peut tout imposer à autrui, en particulier au professionnel qui a sa compétence, son expérience, sa déontologie, une éthique et une «sagesse» professionnelles. Par exemple, hors domaine médical, nul passager ne saurait imposer au conducteur de son taxi, parce que c’est sa volonté à lui client, de prendre des sens interdits, de ne pas tenir compte des limitations de vitesse, ni de la signalisation. Nul client ne saurait non plus exiger de son banquier de procéder à une escroquerie ou à une opération ruineuse pour lui-même. Nul constructeur ne peut demander à son architecte de construire un bâtiment qui ne respecte pas les règles de la pesanteur. Dans aucun métier le client ne peut imposer à son prestataire ce que celui-ci juge néfaste, impossible ou non – éthique.
Etonnamment, la Médecine serait le premier métier où le client aurait un droit permettant limiter le devoir du professionnel de suivre les règles de son métier; un devoir d’agir sur ordre contre son savoir et sa conscience. Pourquoi un patient pourrait il ordonner à son médecin et à son équipe de soin une action contraire aux bonnes pratiques, aux bonnes conduites, à l’Ethique ? Cela n’existe dans aucune autre profession… sauf peut–être parfois celle de Juge.
Le médecin propose et demande le consentement de son malade. Il n’a aucun pouvoir sur sa personne. De même, il n’a pas à accomplir - sur les injonctions d’autrui, malade ou juge - un acte contraire aux bonnes pratiques de son métier. Le médecin ne peut agir sans le consentement du malade. Nulle loi ne peut donner au malade le pouvoir d’obliger son médecin à agir contre son propre consentement.
Tout pouvoir a ses limites, y compris le pouvoir individuel. Il serait contraire à tout bon sens et à l’Ethique de donner à des Directives Anticipées un pouvoir décisionnel impératif. Elles ont été rédigées des mois ou des années auparavant, dans une situation entièrement différente et par un patient forcément non informé du traitement de ses avantages, inconvénients et risques. L’état d’esprit du rédacteur change souvent avec sa situation pathologique. Il existe déjà des abus tels les formulaires à cases où mettre des croix dans lesquels on propose d’accepter ou refuser des traitements dont le signataire ne connaît ni les indications, ni même l’existence.
De plus, des Directives Anticipées montrées dans une situation d’urgence, rien ne peut prouver leur authenticité (Il faut y penser aussi !). Leur caractère contraignant supprimerait toute possibilité de proposition de l’équipe professionnelle en fonction des éléments actuels et factuels dont elle dispose sur la situation du patient et sur son avenir.
DEUX PROPOSITIONS
Des Directives Anticipées rédigées systématiquement avec le médecin traitant se rapprocheraient du consentement et du refus éclairés sans en avoir l’adaptation précise à la situation. Le médecin pourrait, en dehors de toute situation d’urgence expliquer à la personne ce à quoi il s’expose, les avantages et les inconvénients de ses souhaits en fonction de diverses situations. La rédaction serait plus précise sur les craintes et les souhaits réels du patient qui auraient un témoin.
Lors de leur utilisation, la contre signature du médecin traitant serait à la fois une garantie d’authenticité, un témoignage qu’il y a eu une information et donnerait un référent compétent sur ce que souhaitait réellement le signataire.
Changer le terme de Directives Anticipées pour celui de «Dispositions pour la fin de vie» serait beaucoup plus clair. Les Directives Anticipées ne peuvent strictement concerner que la fin de vie et non une pathologie curable. « Dispositions pour la fin de vie » préciserait nettement que lorsque la situation pathologique du patient inconscient ou incapable de s’exprimer est corrigible par un traitement efficace permettant un retour à la situation antérieure, suivre le traitement approprié pour ce rétablissement est nécessaire.
CONCLUSION
Les Directives Anticipées ou des mieux, des «Dispositions pour la fin de vie» doivent devenir un important élément de la décision. Elles font partie des éléments qui vont étayer la décision de débuter ou d’interrompre un traitement, (mais non des soins). Des Directives Anticipées claires, précises, cohérentes peuvent faciliter l’art de soigner et d’accompagner. Mais il devrait être évident qu’elles ne peuvent pas imposer la démarche thérapeutique indiquée dans une situation corrigible. Tout au plus peuvent elles signifier qu’en telles circonstances précises il ne sera pas fait usage de telle technique sans rechercher les moyens d’accompagner la douleur physique et la souffrance morale et sans évaluation et pondération rigoureuses des avantages et des inconvénients réels du traitement … c'est-à-dire sans le suivi des bonnes pratiques et de la décision collégiale que devraient respecter toute équipe.
Nul ne peut prévoir toutes les nuances et évolutions d’une nouvelle situation pathologique, ni ses propres réactions –souvent inattendues- ni sa résilience ou sa démission face à cette situation nouvelle. Les Directives Anticipées sont évidemment à respecter dans leur esprit.
Mais les rendre contraignantes aboutirait souvent à des impossibilités pratiques et à des situations contraires à toute éthique.
Ne pouvant jamais remplacer le consentement éclairé ou le refus éclairé, les Directives Anticipées ne peuvent pas devenir contraignantes, ni dans le droit ni dans la pratique. Cela amènerait à des attitudes contraires à l’éthique la plus élémentaire. Evitons des morts absurdes.
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Balises: Directives anticipées, Dispositions pour la fin de vie., Euthanasie. Sédation, Fin de vie, Mourir et «Mal mourir» font peur
Synopsis du film « Le Sens de l’Age »
http://www.lesensdelage.com/presentation
Regardé de loin et appréhendé de l’extérieur, le vieillissement effraie. Pourtant en écoutant ceux qui la vivent, la vieillesse ne peut être réduite à l’altération du corps. Alors que le physique tend vers moins de mobilité, l’esprit ne développe-t-il pas plus de souplesse ?
Le grand âge est-il porteur de nouvelles promesses ?
Six octogénaires témoignent intimement de leurs tentatives de s’adapter aux difficultés physiques et d’accepter les désirs qui changent. Leur longue expérience et leur soif de vie les incitent à se détacher des contraintes quotidiennes pour savourer un temps pour soi.
Impressions sur ce beau film (qu'il est recommandé de voir pour comprendre la suite de cet article)
Comment résumer en peu de temps une telle oeuvre riche de sens et qui interpelle assurément ?
Le parti pris est de passer par une collection de traits d’esprit sélectionnés et ordonnés pour l’illustrer.
Exercice délicat et difficile qui entraîne le risque de plaire ou déplaire ; conditions utiles au débat auquel on peut se livrer à la fin de la projection.
Après ce qui est dit et montré dans les témoignages de ce film
1. Si on pense que, « Les enfants sont des énigmes lumineuses ; et les vieillards alors ?... »
2. Car de leur vie, « On entend dans leurs paroles le tintement de leurs cerveaux ».
3. Et dans ces témoignages, « Il n'y a pas de souvenirs ici, il n'y a que des échos ».
4. En se rappelant que,« Se montrer tel qu'on est, c'est accepter d'être vu autre qu'on n'est, il faut tenir compte de la distorsion que subit notre image en l'esprit d'autrui ».
5. En se souvenant, « [...] simultanément que chaque être est unique au monde et que des milliards et des milliards sont exactement comme nous ».
6. Et que, « On peut avancer longtemps dans la vie sans y vieillir ».
7. Car, « Le soir de la vie apporte avec soi ses lumières et sa lampe pour ainsi dire ».
8. N’oublions pas ! que : « Vieillir, c’est grandir ».
9. Et que , « Tous les vieux sont des triomphateurs ! »
LES LEÇONS DE CE FILM :
10. Même si, « [...] une des choses les plus tristes, chez l'homme, c'est sa manière de vieillir... «
11. Et que, « Nos yeux ne veulent plus voir, nos oreilles ne veulent plus entendre, nos jambes ne veulent plus avancer, nous sommes les derniers à vouloir mourir en nous.
12. Et de cette volonté, nous devons reconnaître que, « L'automne sait magnifiquement se draper ».
13. Rappelons-nous que, « Les égards des autres nous avertissent quelquefois que nous sommes vieux, avant d'y avoir songé nous- mêmes. Tout à coup on nous cède le pas, on nous offre le bras pour descendre... bref, l'âge est là ».
14. Donc, « Faisons bon visage aux ans qui viennent : ne se sont-ils pas fait annoncer ? »
15. Cependant, « La mort, à la fin d'une vie, mettons que c'est un point - un point final. Mais ce qui est désagréable, c'est quand un point final se pose sur une ligne de points de suspension ».
16. Mais, « Je ne puis arriver à croire que, mort, on soit moins mort qu'on ne l'est endormi ».
17. En fin de compte, tout le secret pour bien vivre, bien vieillir et mourir conduit à penser que, « Le cerveau est conçu pour angoisser ; et que le tout est d'angoisser juste... »
EN CONCLUSION
18. De ce film, on pourrait en retirer ce qui suit : « On interroge les vieux pour savoir comment ils ont fait le voyage, les jeunes pour regarder avec quoi ils embarquent ».
19. « On peut étudier la jeunesse sur les autres, mais on n'étudie bien la vieillesse que sur soi-même ».
20. Et de cette étude, « Que sert de faire des voeux pour une longue vie si nous n'avons dessein de la rendre meilleure ? »
21. Car, « Une belle vieillesse fait encore mieux quelquefois que de couronner une belle vie; souvent elle en a expié et réparé une mauvaise ; comme on voit des monuments devenir plus vulnérables dans leur vieillesse, tandis que d'autres se dégradent par le temps ».
22. Ce qui conduit à ce que, « Les cinq sens de l'homme doivent lui en donner un sixième, complément de tous les autres : le sens des valeurs ».
23. Car, « Une belle vieillesse, loin d'inspirer de l'effroi et d'exciter le dégoût, attire si bien l'amour et commande tellement le respect, que l'imagination religieuse des hommes l'a prise pour modèle, lorsqu'elle a voulu représenter l'Éternel.
Michel SIDER.
Lundi 26 septembre 2011.
Références des citations :
1. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.201)
2. (Carnets t.1, p.149, nrf/Gallimard, 1994)
3 (L'enfant à la luge, trad. Laurent Bury , p.91, Points/Policier, n°P1435)
4. (Pensées d'un biologiste, Éd. J'ai Lu, n° D5, p. 172)
5. (Les rencontres des jours, Folio n° 2878, p.352)
6. (Carnets t.2, p.47, nrf/Gallimard, 1994)
7. (Carnets t.2, p.244, nrf/Gallimard, 1994)
8. (Slogan de la Fondation Nationale de Gérontologie)
9. (Geneviève Laroque)
10. (courant)
11. (De Vous à Moi, p.108, A. Lemerre, 1892)
12. (De Vous à Moi, p.94, A. Lemerre, 1892)
13. (De Vous à Moi, p.95, A. Lemerre, 1892)
14. (De Vous à Moi, p.116, A. Lemerre, 1892)
15. (Le malheur d'aimer, p.121, Folio n°580)
16. (Pensées d'un biologiste, Éd. J'ai Lu, n° D5, p. 80)
17. (Éric Brasseur – article « Les angoisses gouvernent le Monde »).
18. (De Vous à Moi, p.27, A. Lemerre, 1892)
19. (De Vous à Moi, p.73, A. Lemerre, 1892)
20. (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (298), p.133)
21. (Pensées, maximes, réflexions (CXXXII), p.42, Alexis Eymery,1823)
22. (Feuilles Volantes, p.92, Éd. La Tribune, 1949)
23. (Pensées, maximes, réflexions (CXXXV), p.43, Alexis Eymery,1823)
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Ce texte a été présenté à la tribune d'un important Colloque (1) par un représentant des Pensionnaires au Conseil d'établissement d'une Maison de Retraite"
(1) COLLOQUE FORUM-ANIMA " La Vieillesse et son reflet dans les Médias ", le Vendredi 11 Juin 1993 - dans le cadre du Palais des Congrès à EVREUX
"Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Lorsque mon Directeur m'a invité à exprimer un point de vue, au nom du Conseil d'établissement de ma Maison de Retraite, j'ai tout naturellement hésité.
J'ai hésité parce que prendre la parole devant une aussi imposante Assemblée, c'est impressionnant, et les émotions, " à mon âge ", il faut faire attention ! D'autant plus, que j'ai 72 ans, qui plus est - ce qui est important, je suis pensionnaire d'une Maison de Retraite ! Vous vous rendez compte !
Et alors, la belle affaire ! Qu'est que cela change ?
Et bien, le fait que je sois un Homme vivant dans une Maison de Retraite me change automatiquement en Personne âgée aux yeux de la Société. Moi, un représentant du sexe fort, dans une communauté composée en majorité de femmes, un homme " en voie de disparition " ( comme tout le monde, il ne faut pas l'oublier ...)
(rires et applaudissements )
Pourtant, si on y réféchit bien, je suis plus jeune que le Pape, notre ancien Président de la République, la plupart de nos Sénateurs, de certains Députés, de Conseillers régionaux, généraux, municipaux, et de Maires. (rires)
Je suis moins âgé que certaines célébrités, écrivains, journalistes et artistes dont j'admire ici la courtoisie et le talent.
Je suis pensionnaire d'une Maison de Retraite..., et Alors ?
Et bien, je veux vous dire que ce n'est pas facile à assumer, car tout me laisse penser que je suis un marginal, quelqu'un d'anormal, enfin presque...! Parce que 92 % des retraités, paraît-il, veulent essayer de rester à leur domicile.
Tant mieux, d'une certaine manière cela fera plus de place à ceux, qui comme moi, ont préféré malgré tout une autre solution.
(rires et applaudissements )
Malgré tout,... oui malgré tout !
Malgré le fait d'avoir lu et entendu dire que dans les Maisons de Retraite, il n'y a que des vieux, des personnes âgées, des grabataires, des croulants, des gâteux, des grincheux, que sais-je encore ! (rires)
Malgré le fait d'avoir lu et entendu dire que je pourrai périr dans un incendie, récolter une salmonelle dans ma mayonnaise, (rires)
- que certains Directeurs peuvent partir avec la caisse de leur maison, (rires)
- que des médecins ou des infirmières peuvent me faire des piqûres
douteuses,...et douloureuses ! rires)
- que des aides-soignantes peuvent me brutaliser,...en douce ! (rires)
- que des personnels hôteliers peuvent aller jusqu'à me mépriser,
- que l'on peut me faire voter du bon côté avec des poignées de mains
et des chocolats, (rires et applaudissements )
- que des enfants placent leurs parents de force, pieds et mains liés,
et que l'on veuille me prendre les derniers sous qui me restent sans me laisser le soin de léguer un petit quelque chose à ceux que j'ai aimés. (applaudissements )
Compagnons, retraités dans cette salle, avez-vous lu et entendu la même chose que moi ?
Mais qu'avons nous fait pour mériter une telle anxiété, un tel statut social ? Sommes-nous devenus soudain différents des autres, des " hors normes ", des moins que rien, des délinquants économiques, des coupables de vieillir ailleurs qu'à domicile, des pas beaux, des ronchons, des parasites, des grands enfants, enfin pire : des citoyens de seconde zone ! (applaudissements )
Compagnons, retraités, dans cette salle, avez-vous la même anxiété ?
Et bien, parce que nous sommes tous responsables de cette situation, il est temps que l'image de notre vieillesse évolue dans la société. (applaudissements )
Pour ma part, alors que je pouvais encore rester chez moi, j'ai pris mes responsabilités en choisissant à temps un nouveau domicile dans une Maison de retraite. La Communauté de mon établissement m'a choisi lorsque j'ai accepté de lui donner de ma validité, et d'une certaine manière, elle m'a en quelque sorte mérité ! (applaudissements)
En échange, j'ai reçu d'elle considération, affection, et même tendresse. Elle m'a apporté la sécurité et la possibilité d'économiser mes forces pour mieux me prendre en charge, profiter de mon passé et donner à mon tour de l'amitié et de la solidarité.
(applaudissements )
En entrant pour moi-même, j'ai aussi voulu donner à mes enfants, et à toute ma famille, l'un des plus beaux cadeaux : " la tranquilité " !
(applaudissements )
Oui, pour tout cela je suis Pensionnaire dans une Maison de Retraite, et je m'en flatte parce que je l'ai moi-même décidé. (forts applaudissements)
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
merci de votre attention !
TEXTE ÉCRIT par M. Michel SIDER - Président de l'IDSG
Nota : Cette intervention a été à plusieurs reprises très applaudie. Ce texte a été ensuite demandé pour être inséré et traduit en 12 langues dans le bulletin de la revue "Année Européenne des Personnes Âgées
(1) Colloque réalisé avec le patronage du Ministère de la santé et des Affaires Sociales, du Ministère de la Culture, du Conseil Régional, des Conseils Généraux de Seine-Maritime et de l'Eure, de la FEHAP, de la FHF, de Radio bleue, du CLEIRPPA. *
Avec la participation bénévole de nombreuses personnalités du spectacle, des arts et des lettres ( Daniel GÉLIN, Jean-Marie PROSLIER, Claude Du FRESNE, ...et le concours de TF1, l'INA, la presse Régionale *.( * et d'autres organismes et personnalités qui ne peuvent tous être mentionnés sur ce document)
Rédigé à 13:55 dans Articles qui n'ont pas vieilli !, Préparer et vivre sa vieillesse | Lien permanent | Commentaires (0)
Cet article a été publié en 1999 dans la revue "Perspectives Sanitaires et Sociales" de la FEHAP.
Nous sommes en 2011; on peut juger des conséquences de la réforme de la tarification. Le débat est ouvert !
Ma chère Géronte, Chère amie,
Quand je vous ai connue, en 1975, vous étiez "consensuelle" et de nombreux courtisans devinaient tout l'intérêt de vous approcher d'un peu plus près pour mieux vous connaître.
Dans ce dernier quart de siècle, beaucoup, comme votre serviteur, se sont engagés dans cette belle idée de faire en sorte que votre vieillesse soit traitée avec respect. Ils se sont battus avec les moyens du bord pour réussir à vous faire vivre du mieux possible dans les maisons de retraite.
Durant cette période, vous devez vous en rappeler, on parlait encore des hospices. Quitte à vous faire payer assez cher la prise en charge de votre dépendance, les établissements privés - à but non lucratif - vous entouraient avec humanité pour vous éviter une "hospitalisation définitive". C'était la grande époque où les Départements admettaient la double tarification - "valide et non valide".
Les rapports d'argent, certes, empoisonnaient la sincérité de nos relations, mais nous allions tous de concert et nous nous faisions une confiance absolue.
Un jour, une sorte de Père Noël "Section de Cure Médicale" est arrivé ; c'était en 1977. Les premiers qui y ont cru - pour vous - ont eu les plus beaux cadeaux. Les autres, ce qui pouvait en rester.
Quand le dossier était bien monté et justifié, ils recevaient une dotation annuelle forfaitaire, presque à la dimension de leurs espérances ou de quoi faire quelque chose en nombre de lits. Pour ceux-là, tous les ans, c'était pareil !. Grâce à leur initiative, les hôpitaux étaient moins "encombrés" et les Conseils Généraux se trouvaient "soulagés".
En 1984, les fameuses assises nationales du "Secrétariat d'État chargé des retraités et personnes âgées" nous donnèrent encore l'espoir d'améliorer votre situation. C'était l'époque bénie durant laquelle les professionnels et les bénévoles n'en finissaient pas de discourir avec amour sur votre vie, à partir de votre oeil, votre pied, votre coeur et bien sûr de vos relations avec votre famille et autrui.
Maintenant, ils sont devenus perplexes. Ascètes, qu'ils étaient de leur discipline, ils doivent à présent, pour vous mettre en "valeurs", vous "disséquer" et "numériser" à l'informa -"tics", en comptant jusqu'à six.
Une quinzaine d'années plus tard (1999) "Géronte, ma tendre amie", vous êtes devenue moins bien aimée des pouvoirs publics car trop encombrante. Maintenant, il faut vous rendre à l'évidence, vous dérangez plus fort les grands équilibres macro-économiques de certains choix de société. Vous, à qui nous devons presque tout, sachez que vous pourriez croquer trop longtemps dans le fruit de l'assurance maladie.
Alors ! Avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'on ne vous "dégroupe" définitivement pour finir dans des "Unités Terminales Spécialisées", venez dire avec nous, ma chère Géronte, qu'il est temps de "ré-agir". Oui, sous d'autres "auspices", il nous faut agir autrement pour donner aux générations qui vous suivent un meilleur avenir en établissement !
Michel SIDER.
Ancien directeur de maison de retraite.
19 janvier 1999.
Rédigé à 12:04 dans Articles qui n'ont pas vieilli !, Préparer et vivre sa vieillesse | Lien permanent | Commentaires (0)
SYMPOSIUM “ LE DEUIL EN INSTITUTION ”
9è Congrès interrégional de Gérontologie
Vendredi 25 Octobre 2002 - Centre de Congrès de Caen.
L’apport de la spiritualité en situation critique !
Chacun l’aura compris, dans l’organisation de ce symposium, le moment critique est celui où l’on sent le moment venu de fermer les yeux, pour toujours…Mais dans quelle situation ? Il s’agit de celle où la conscience est restée claire, malgré un grand âge, malgré les atteintes de l’âge
Bien sûr, quand on a réussi à passer les étapes du temps, jour après jour, et nuit après nuit, avant de fermer les yeux, pour d’autres songes, nous avons déjà vécu d’innombrables moments critiques, mais avec une grande différence, celle d’une espérance, celle de vivre une autre vie, le lendemain.
“ Je suis une personne dite "âgée", appelée encore comme telle, pourtant au seuil de ma vie. “ L’heure est venue ”, et j’imagine à présent que les choses vont être différentes ; la nuit sera longue... Mais, je suis sereine car je crois à cette autre espérance, celle de vivre dans une autre dimension où je retrouverai tous ceux que j’aie aimés. Ce merveilleux sentiment, qui adoucit le fait de quitter ce monde étrange, je le dois à une foi inébranlable que je veux garder dans l’ultime instant.
Je revois le passé de toute une vie qui, dès mon enfance, s’est nourrie de spiritualité, sans en être rassasiée, encore aujourd’hui. Mon “ être ” a grandi avec “ elle ” et je la porte en moi, précieusement, pour vivre avec les autres. Grâce à “ elle ” j’apaise mes tensions, je rayonne auprès de mon entourage. Il me semble même que durant mon grand âge, ce besoin a encore grandi en me renforçant jour après jour ; comment l’expliquer ?
À présent que je suis devenue “ vieille ”, titre que je porte avec humilité, par la chance d’avoir bénéficié d’une si longue vie, j’ai peur de perdre, en ces derniers instants, le sentiment d’être restée sur une voie juste, “ parce que la vieillesse est le total d'une vie et que chacun de nos actes, la moindre pensée, se retrouve dans le résultat ”.
Depuis mon jeune âge, plus profondément que je ne l’aurais imaginée, la spiritualité a fait intervenir ma raison. Parce “ qu’ elle ” n'est pas neutre comme un outil, j’ai compris qu’elle m’a nourrie et transformée, en devenant partie intégrante de mon être même. Et pourtant, j’en porte le témoignage, je n’avais jamais voulu m’ouvrir à “ elle ” comme un simple moyen d'être vraiment libre dans mes contradictions, et éventuellement plus heureuse. En acceptant de la vivre, d’abord dans la naïveté, au début de mon éducation, j’ai peu à peu compris que grâce à “ elle ” j’ai pu vivre cette liberté vraie par la compréhension de ses causes réelles, et c’est ce bonheur accru que je veux ressentir jusqu’à mon dernier souffle. Ceci, afin de dire encore : merci à la vie et à l’humanité, pour m’avoir donné des raisons de croire à un idéal, “ pour vivre des moments d’éternité, pour l’éternité ”.
J’écris ces lignes d’une modeste place, dans une maison de retraite, où je me sens bien car on m’a préservé l’essentiel : un toit et un entourage sûrs, des possibilités de rencontre pour me faire des amis, et un lieu de recueillement de manière à vivre, individuellement ou collectivement, ma spiritualité, en toute liberté. Mieux encore, mon confident spirituel peut venir me voir en toute indépendance, et dans la joie d’être bien accueilli par l’institution qui m’héberge. Mais que seraient toutes ces possibilités offertes si je n’avais pas autour de moi le sentiment d’une grande tolérance, voire même un encouragement à vivre sans complexe ma spiritualité. Je suis reconnaissante pour l’apaisement que j’en tire, me laissant ainsi présager une fin de vie raisonnée. Cela a d’autant plus d’importance pour moi que“ la façon dont notre vie se termine est la seule preuve qui indique comment on a vécu ”.
Je veux fermer les yeux, au seuil du moment critique, avec un visage éclairé par l’espérance ; cette espérance avec laquelle j’ai lutté, voire combattu, pour que ma vie ait mérité son sens. J’aimerais tant le faire comprendre à mon entourage immédiat, et à mes proches, pour les rassurer de me voir finir de vieillir, et préparer doucement, sans bruit, mon éloignement. Je prie pour qu’on n’abîme pas ce sentiment, qu’on respecte mes aspirations et mon parcours avec lequel je me suis construite patiemment.
Je pense aussi à tous ceux et toutes celles qui, dans les maisons de retraite, n’ont pas les mêmes conditions ou les mêmes possibilités, alors qu’ils ont le même regard et le même besoin de spiritualité ; “ cette culture d’esprit qui rend content de la vie et de ses derniers instants de beauté ”.
“ NE PLEUREZ PAS SUR LA CAGE DONT LES OISEAUX SONT PARTIS… ”
Nota : Ce texte, écrit est le fruit d’une discussion avec une vingtaine de personnes âgées très impliquées, depuis de nombreuses années, dans un groupe de réflexion (“atelier Sérénité”) touchant à la philosophie en général.
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Archive.
Lettre de Madame Geneviève LAROQUE adressée au porteur du projet de croisière gérontologique.
Cher Michel Sider,
Vous avez bien voulu m'informer de l'organisation de la croisière "MEMORY" organisée en 2012, afin que des "seniors" puissent, dans un climat amical et convivial, bénéficier d'activités et de conférences propres à maintenir leur agilité mentale et à stimuler leur mémoire et je ne peux qu'approuver chaleureusement cette initiative.
Il ne me sera malheureusement pas possible de participer personnellement à cette croisière et je vous prie d'excuser cette absence.
Cependant, il me semble indispensable de manifester le soutien de la Fondation Nationale de Gérontologie que j'ai l'honneur de présider, à l'opération "croisière MEMORY" en lui accordant très volontiers le patronage de la F.N.G.
En effet, vous avez su combiner heureusement le caractère convivial et ludique d'une croisière, ouverte notamment à des personnes âgées, qui, bien souvent, n'auraient pas imaginé pouvoir participer à ce genre de vacances, avec un projet de développement personnel appuyé sur l'entraînement de la mémoire et sur une meilleure connaissance du fonctionnement de celle-ci, grâce à l'intervention de spécialistes reconnus.
La croisière MEMORY constitue aussi, de la sorte, un instrument précieux de renforcement du "lien social", du "vivre ensemble" entre générations différentes, entre personnes d'origine et de culture différentes, qui, en utilisant les richesses de leur mémoire, fraîche et récente ou plus ancienne, en échangeant ces richesses, contribuent à la vitalité de notre société.
Je vous prie de recevoir, cher Michel Sider, l'expression de mon fidèle et amical souvenir
Geneviève Laroque
Présidente de la Fondation Nationale de Gérontologie" +
Photographie de Mme Geneviève LAROQUE, prise lors de la remise de la médaille d'or de la Jeunesse et des Sports (au titre de l'éducation populaire); sur décision du Ministère de la Santé de la Jeunesse et des Sports.
24 Avril 2010.
INVITATION
COLLOQUE ORGANISE PAR L’ASSOCIATION LA VIE DEVANT NOUS
Changer de regard sur la vieillesse, la maladie et la mort
Lundi 21 Mars 2011
14h15 – 17h00
Salle des Spectacles de l’Hôpital Bretonneau
23 rue Joseph de Maistre 75018 Paris
Cette invitation est à diffuser largement autour de vous
PROGRAMME DU COLLOQUE
« Changer de regard sur la vieillesse,
la maladie et la mort »
Pour nous engager à y réfléchir, les représentants des associations suivantes présentent une démarche, un accompagnement et les enseignements qu'ils en ont retirés
14h15 Introduction et présentation des Associations
Georges Arbuz
14h45 OLD UP
« L'accessibilité pour OLD'UP, un sujet capital »
Annie Riguidel
15h15 LES PETITS FRERES DES PAUVRES
« L’ouverture d’un centre d’accueil dans le 18ème arrondissement »
Claude Jaillot
15h45 JALMALV (HIRSON)
« Le cycle de la vie » Naître, Grandir, Vieillir, Mourir
Janine Régnier, Thérèse Lanel, Boris Vincent Lanel
16h15 ASSOCIATION FRANCE-ALZHEIMER ESSONNE
« Une vie, un couple » Bernadette Gillard
16h45 Synthèse
G. Arbuz
17h00 Pot amical
Rédigé à 22:28 dans Préparer et vivre sa vieillesse | Lien permanent | Commentaires (0)
Toujours d'actualité, nous publions cet article avec l'aimable autorisation de Madame Geneviève Laroque
" Avant d'être si malade, il avait affirmé, en toute conviction, ferme et calme, qu'il ne supporterait pas la déchéance, la dépendance et qu'il demanderait qu'on "l'aide à partir" quand il estimerait le moment venu. Il refusait une thérapie illusoire. Il réclamait l'euthanasie.
Déjà malade et conscient de sa maladie, il n'avait accepté de traitement que sous conditions: une promesse, sincère, que le médecin à qui on lui demandait de se confier était un "bon", un "très bon technicien", qui, de plus, ne trompait pas ses malades, qui avait une bonne relation avec eux, qui savait "passer contrat" avec eux, et qui, s'il fallait "pousser la seringue", le faisait lui même.
Il y a gagné presque un an de vie normale, de bonne qualité, presque sans effets secondaires; presque un an de bonheur inespéré, avidement, pleinement vécu.
Quand la souffrance a menacé, les palliatifs efficaces ont été utilisés. Les ajustements techniques, minutieux, délicats, ont été élaborés, appliqués, avec une sereine compétence, dans un environnement affectif intense, solide, les réseaux professionnels, familiaux, amicaux, soigneusement vérifiés, activés, entretenus.
Quand la dépendance est survenue, par l'affaiblissement,
l'incapacité de faire seul les gestes les plus ordinaires de la vie, les
glissements entre les sites hospitaliers et les domiciles ont pu être faits de
manière souple, huilée, sans à coups meurtriers.
Pendant quelques jours encore, il a savouré intensément chaque instant de cette existence, qu'il aurait repoussée avec horreur il y a seulement quelques mois.
Il savait où il allait; il savait comment il y allait. Il savait que son confort, son absence de souffrance, la maîtrise des malaises surajoutés, l’'accompagnement affectueux, les présences relayées, le soutien à sa compagne étaient nos priorités absolues.
Il est mort, paisiblement, dans son sommeil, sans nécessité de "renforcer" celui ci. Il avait encore répété, quelques jours plus tôt, qu'il n'avait pas changé d'avis, qu'il voulait,- si nécessaire-, maîtriser le moment de sa mort. La promesse en avait été réitérée: Cette loyauté dans la promesse, et l'attention minutieuse à son bien être, j'ose dire à son bonheur pendant ces derniers jours lucides, difficiles - car, a-t-il dit, c'est difficile de mourir quand on a envie de vivre, cette combinaison du "vouloir l’aider à vivre jusqu'au bout" et du respect de sa propre volonté ont permis d'attendre, sans autre nécessité, le bout de la vie.
Il a su, au plus profond de lui, qu'on n'aurait pas besoin de le tuer, même si pour calmer les derniers jours ou dernières heures, - pour lui, et, plus encore, pour sa compagne-, on était amené à l’'appaiser jusqu'au sommeil. Il savait que la promesse serait tenue, d'une mort paisible et digne, quand elle viendrait, - bientôt-, mais "nul ne sait ni le jour ni l'heure".
Pendant ce temps, d'autres n'ont pas ces "privilèges", et c'est un scandale.
Qu'a t-il fallu pour mener cette stratégie qui a permis, par des thérapeutiques savantes, "pointues", coûteuses, de lui donner un an, un an seulement - mais d'autres gagneront plus - d'une vie d'homme, pleine et entière?
Qu'a t-il fallu pour tricoter à cette thérapeutique, une élaboration et une pratique de soins dits palliatifs, adaptés, utiles, "réussis", pour achever un parcours réputé difficile?
Il a fallu, d'abord, une volonté et une obstination communes à ceux qui l'aimaient. Beaucoup de nos contemporains sont entourés d'amour. L'amour ne suffit jamais.
Il a fallu des compétences, qui s'apprennent, et ne sont pas encore assez répandues.
Compétences des médecins, d'abord, pour savoir les drogues utiles, pour oser s'en servir, contrebalancer finement les unes par les autres, prendre des décisions rapides sans précipitation, faire les gestes techniques nécessaires. Ces compétences s'acquièrent. Elles sont différentes de celles des thérapeutes qui cherchent, poursuivent une guérison, même partielle et temporaire. Elles en sont complémentaires. Ces compétences s'apprennent, mais, trop nombreux encore, sont ceux pour qui elles sont secondaires et faciles. Ils croient sincèrement savoir et ne savent pas.
Il faut au médecin beaucoup d'humilité pour apprendre, apprendre sans relâche, alors que sa science ne servira "plus qu'à" soulager, à accepter et accompagner cette mort que toute sa pratique - nécessaire - le conduit à combattre.
Ces compétences, on les trouve dans les récentes "unités de soins palliatifs", creusets nécessaires, et nécessairement rares, de recherche, de formation, de réflexion. On les trouve aussi ailleurs, chez des médecins de ville, dans des services hospitaliers où l'équipe médicale peut être suffisamment polyvalente, et c'est aussi pour cela qu'il faut des équipes, et pas des hommes seuls.
Compétences des équipes infirmières, qui savent voir et informer, qui savent exécuter et prendre des initiatives, qui connaissent les gestes qui soulagent et les gestes qui gênent. Le rôle infirmier est continu, de la thérapie à la palliation: rôle technique, certes indispensable, rôle aussi de carrefour entre le médecin, le malade et l'entourage, rôle difficile de médiation discrète.
Les infirmiers de ville, libéraux, et plus encore, car l'accompagnement des fins de vie exige le plus souvent un travail d'équipe, les quelques centaines de services d'hospitalisation à domicile ou de soins infirmiers à domicile doivent, pour cela, être informés, formés et multipliés.
Il n'empêche que, souvent, l'hôpital, structure organisée, permanente, reste le lieu le plus rassurant, le mieux outillé pour ces tâches, s'il apprend à s'ouvrir plus largement, dans ses murs comme dans son mode de fonctionnement, à l'entourage naturel du malade.
La compétence "froide" ne suffit pas à entourer le mourant et sa famille. Encore faut-il y ajouter cette attitude compréhensive, relation d'aide par excellence, qui respecte l'autonomie de pensée, d'attitude, de demande, sans infantiliser, sans abandonner.
Ce n'est qu'appuyés, confortés par ces compétences, qu'à
la maison - si on le veut, si on le peut - ou à l'hôpital qui sait, s'il le
veut, devenir accueillant, "hospitalier", l'amour, l'affection, la
spontanéité tendres peuvent apporter au malade le confort suprême de se savoir
aimé, donc important, de savoir que cette fin de vie est peut être un des
moments les plus riches et les plus remplis de son existence.
Et l'euthanasie, dans tout ça?
D'abord, toutes les équipes françaises ou étrangères ( anglo-saxonnes ou canadiennes surtout) qui pratiquent depuis des années les soins palliatifs, en Unités spécialisées ou ailleurs l'affirment fermement, là où il y a préoccupation majeure du confort matériel et psychologique du malade et de son entourage, et où il y a compétence dans la réponse, la demande d'euthanasie devient infime.
Il faut donc informer, former aux soins palliatifs et
d'accompagnement tous les professionnels de santé pour qu'ils les pratiquent
"naturellement" ou sachent appeler ceux qui les pratiquent.
Ensuite, subsisteront, malheureusement toujours, des situations insoutenables. Elles ne peuvent pas, ne doivent pas être réglementées: on ne bureaucratise pas la mort.
Elles restent de ce ressort singulier, intime,
dangereux, du dialogue ultime entre le médecin (même s'il a pris avis de son
équipe) et le malade (même s'il a pu s'exprimer avec les siens).
Hors d'un champ juridique propre, l'euthanasie reste, en droit français, un crime, comme elle reste, en morale, une transgression.
La liberté finale est aussi de transgresser dans la
douleur, la clarté, le risque, quand il n'est plus possible de respecter les
lois mais seulement de respecter les consciences.
Septembre 1990
Geneviève LAROQUE
Présidente du groupe de travail ministériel sur l'aide
aux mourants 1985-1986
Rédigé à 22:02 dans Articles et Sites à découvrir, Préparer et vivre sa vieillesse | Lien permanent | Commentaires (0)
Nouvelles perspectives, nouveaux enjeux
Tout
le monde en est aujourd’hui conscient, du fait de la mutation démographique et
sociale dont nous sommes témoins, le déroulement de la dernière partie de la
vie se présente aujourd’hui sous de nouvelles perspectives. Beaucoup d’idées couramment admises ne
sont plus représentatives de la réalité, celles qui demeurent doivent être
réactualisées.
Si par bien des aspects la phase de la vieillesse n’est plus très différente de celles qui la précèdent, restent quelques caractéristiques qui lui donnent une configuration particulière aujourd’hui.
Après une présentation de celles-ci et des perspectives et des enjeux qui en découlent, un temps d’échange avec l’auditoire est prévu. Il permettra de présenter les activités de formation et de proposer, aux personnes intéressées, une suite à ce temps d’exposé et d’échange.
Cette conférence sera animée par Georges Arbuz - Anthropologue, co-auteur du livre le Grand Âge : Chance ou fatalité ? de Préparer et vivre sa vieillesse aux éditions Seli Arslan et de la bien-Traitance au soir de la vie, Belin
Le Mardi 23 Mars 2010 - De 14h00 à 16h30
Salle François 1er – 175 Boulevard François 1er – LE HAVRE
Gratuité. Inscription nécessaire par courrier électronique : [email protected]
SVP : Nom, prénom, fonction, et adresse pour recevoir votre invitation.
À l’issue de
cette séance vous pourrez vous inscrire aux sessions de formation proposées.
Rédigé à 14:53 dans Activités de l'association, Conférences , Préparer et vivre sa vieillesse | Lien permanent | Commentaires (0)
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