À PROPOS DE L’ANIMATION EN MAISON DE RETRAITE :
De la simple occupation à la construction de projets, à quoi ressemble aujourd'hui l'animation ?
Réponse : « Elle ressemble à une belle endormie » ; avec en option plusieurs explications :
- parce qu’on ne la réveille pas ;
- parce qu’elle n’a pas trouvé son prince charmant là où elle doit vivre ;
- parce qu’elle est incomprise ;
- parce qu’on ne l’aborde pas sous l’angle de la philosophie ;
- parce qu’elle dérange et soulève trop de contradictions ;
- parce qu’on oublie que c’est un formidable outil de gestion et de management que les directeurs n’ont pas tous intégré dans leur art de diriger.
- « parce qu’il ne faut pas trop dépenser de sous… »
Cela dit, de nombreux établissements ont pris cette dimension à bras le corps et arrivent à des résultats remarquables. Depuis les premiers États Généraux de l’Animation en Gérontologie, en 2003, la discipline a beaucoup évolué. Mais il reste tant à faire !
Quelle est aujourd'hui sa place dans le projet de vie ?
Le projet de vie de qui ? De l’établissement ? Du Président du Conseil d’Administration (premier responsable identifié) ? Du directeur ? De l’animateur ? Du soignant ? Des autres membres du personnel ?
Toutes les catégories et tout le monde dans un établissement a sa place dans un projet de vie collectif, avec ses responsabilités bien codifiées et ses pouvoirs d’influence et de décision liés à son niveau d’intervention.
Le projet de vie de la personne âgée ? « La question est de savoir dans quoi, et pourquoi ? » En ce sens, l’animation est au cœur pour interpeler sur ce postulat.
Quelle devrait être la place de l'animateur dans la construction du projet de vie ?
Au préalable :
L’expression « projet de vie » relève, selon moi, d’un « consensus creux et frauduleux » avec l’inconvénient d’attribuer un rôle excessif aux professionnels, qui plus est, en prime, un renforcement de l’appropriation du devenir de l’intéressé(e).
Combien de personnes âgées sont malades de la vision de ceux qui prétendent les servir, en premier lieu ceux qui créent leur environnement institutionnel et leurs conditions de vie
Mais pour répondre plus précisément à votre question sur le sujet :
« La place de l’animateur est celle qu’il mérite ou celle qu’on veut lui donner ! ». La première place est au plus sage. Si c’est l’animateur, tant mieux, sa sagesse est agrémentée de son enthousiasme.
L'animation peut-elle êtres considérée comme un soin ? Et l'animateur comme un soignant ?
L’animation prend soin, mais la fonction d’un animateur n’est pas de soigner, encore moins de jouer à l’apprenti sorcier sur ce terrain.
Un soignant peut être un bon animateur s’il a du talent, du charisme, et a suivi une formation qualifiante. Le soignant, du fait de sa formation, a l’avantage de savoir, à son niveau de compétence, ce que les activités d’animation peuvent apporter de bon pour l’objectif thérapeutique.
L’animateur a en principe le temps d’observer, de préparer matériellement des activités stimulantes et favoriser des conditions utiles au soignant.
Il va de soi que ces deux professionnels ne sont pas en opposition. Ils doivent rester en liaison et dans le rôle que leur impose leur statut ; ceci, en unissant leur savoir, leur savoir faire, leur savoir être.
Les budgets actuels peuvent-ils être un frein à la qualité des animations et au travail des animateurs ?
De quels budgets s’agit-il ? Ils ne sont pas identiques…En ce qui concerne celui de l’établissement, tout dépend des choix, donc des priorités, du Conseil d’administration qui approuve les budgets après avoir identifié les besoins en concertation avec le Conseil de Vie Sociale.
Le plus souvent, il s’agit de « budgets contraints » dans des cadres budgétaires approuvés par les organismes de tutelle ou de contrôle. Le traitement des budgets est différent s’il s’agit d’un établissement public, privé à but non-lucratif, et privé à but lucratif.
- L’actionnaire du secteur lucratif préférera peut-être un meilleur dividende et laisser oeuvrer une animation médiocre.
- Le directeur d’établissement public jouera peut-être le jeu de réduction des dépenses via son service de tutelle qui, lui, jouera peut-être le jeu de sa Haute autorité qui, Elle-même, jouera le jeu du Ministère, qui lui-même jouera le jeu de l’économie de marché à sa manière…etc.
- Les Administrateurs des établissements à but non-lucratif voudront peut être « dans le social triste prédominant » être au moins cher possible ; et j’en passe sur d’autres contraintes ou motivations…
Les animateurs veulent, et c’est normal - jusqu’à un certain point – plus de moyens. Si les budgets sont insuffisants, c’est effectivement un frein à la qualité de certaines animations et au travail des animateurs. « Mais il faut savoir (bien) vivre avec ses moyens » ; c’est comme dans la vie ordinaire, il faut gérer les priorités, et se battre pour en avoir plus, pour vivre du mieux que possible, ou survivre…Chacun prend ses responsabilités :
Un dernier mot :
Mes réponses, trop courtes, vont directement à l’essentiel avec la volonté d’interpeller. Dans les faits, les choses sont plus complexes. Chaque question peut faire l’objet d’un vaste débat. Il est difficile de mettre tout le monde d’accord sur les termes, les définitions. Mais petit à petit tout se structure et se construit patiemment par la confrontation des idées livrées à la pratique.
Un homme célèbre disait que « la vieillesse est le total d'une vie et que chacun de nos actes, la moindre pensée, se retrouve dans le résultat ». Le rôle de l’animateur, et ce qui me semble être le plus important, n’est-il pas d’enrichir, par des activités porteuses de valeurs universelles, les actes et les pensées de chacun pour avoir le meilleur résultat. Donner, en final, le sentiment que la vie valait la peine d’être vécue est la tâche la plus noble qu’un animateur puisse se fixer pour enchanter le monde.
« L’animateur n’est pas là pour faire passer le temps… ; sa matière, ce sont les idées ! ».
Michel SIDER.
Président de l’IDSG
Filiale de la SFGG
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